Le prix de la conférence : quels sont les tarifs du marché ?
Quelle est la moyenne des prix pour faire venir un conférencier ? On me pose souvent cette question. L’occasion de revenir sur les prix du marché. Initialement réservée aux universitaires, l’activité de conférencier s’est ouverte aux “personnalités inspirantes”.
Pour quoi faire ?
Faire le show ! Il s’agit de proposer un discours original, décalé, inspirant pour les collaborateurs de l’entreprise. Les sportifs seraient les personnalités les plus demandées. En effet, la préparation mentale semble être un bon levier pour transmettre des clefs de gestion de stress, d’adaptabilité et de “positive attitude” (motivation).
Pour combien ?
Fourchette des prix et tarifications appliquées dans le cadre du marché de la conférence. Plusieurs critères sont à prendre en considération (voir ci-dessous).
Les prix sont bien sûr aléatoires et dépendent de la personnalité demandée. On peut toutefois en dessiner les contours.
Entre 3.000 et 5.000 €, on retrouve les talents en devenir. Ce sont souvent des universitaires ou des experts reconnus en leur domaine, mais pas du grand public. Ils viennent transmettre leur savoir.
Entre 5.000 et 10.000 €, on retrouve les professionnels de la conférence. Des experts, universitaires, journalistes connus du grands publics. Ils maitrisent l’art oratoire et le storytelling.
Entre 10.000 et 15.000 €, il s’agit des célébrités. Ce sont les conférenciers stars dont le parcours de vie est assez particulier pour pouvoir être narré sur scène.
A partir de 15.000 €, on retrouve des acteurs reconnus internationalement pour leurs travaux. Prix Nobel, ancien ministre ou président, il s’agit des personnalités mondialement connues. A noter que ces speakers internationaux facturent davantage entre 50 000 et 100 000 €. Vous souhaitez faire intervenir Barack Obama ? Il faudra compter environ 500 000 € hors frais. Pour moins cher, vous pouvez faire intervenir Jacques Attali, qui facture environ 50.000 €.
NB : ici, les tarifs mentionnés ne prennent pas en compte les frais de déplacement et sont présentés HT.
Quelle variabilité ? Les 10 critères objectifs qui modifient la somme
Certains facteurs sont à prendre en compte dans la tarification de la conférence. Voici les 10 critères qui nous semblent les plus pertinents. Pour certains, ils s’appliquent hors du domaine de la conférence et renvoie à un système de négociation et de facturation “classique”, dans le cadre d’un consulting par exemple.
La durée : une conférence dure entre 1h et 1h30. Si la durée s’allonge, on parle plutôt d’un atelier. Mais il est possible d’avoir des durées plus courtes. Je suis déjà intervenue pour des plages de 20 minutes, par exemple.
La notoriété : l’écriture de livres, les passages dans les médias, tout cela contribue à une facturation plus importante ;
Le “momentum” : selon l’actualité, le prix de l’intervention peut varier ;
Le nombre de spectateurs : c’est un critère qui peut également être pris en compte par le conférencier ;
Le temps de déplacement pour le conférencier : un déplacement d’une demi-journée, ou d’une journée et demi n’ont évidemment pas le même impact sur le pricing ;
Le temps de préparation : surtout s’il s’agit d’une intervention ad hoc, c-à-d réalisée et montée sur mesure en fonction de la problématique du client.
La récurrence : point basique de la négociation sur le pricing, la récurrence permet de faire baisser le montant global de l’intervention ;
Le statut juridique du commanditaire : il est commun de dégrossir sa tarification lorsque le commanditaire représente non pas une entreprise, mais une association non lucrative, par exemple ;
La présence ou non d’intermédiaires : l’anecdote en fin d’article est étonnante. Elle nous alerte sur un phénomène usuel : plus il y a d’intermédiaires entre le conférencier et le commanditaire, plus la facture s’alourdit (CQFD) ;
Enfin last but not least : la connivence ! Les prix d’amis pour rendre service, ça existe bien sûr.
Les commanditaires essaient souvent l’argument de la “séance de dédicace” en fin de conférence. Les prix moyens de l’édition varient entre 8 et 12% par livre vendu… C’est donc, selon moi, un argument peu recevable. Au mieux, un conférencier “gagne” 2 euros par livre vendu… une somme qui ne permet pas de contrebalancer une tarification modique.
Points de vigilance
Je me permets un partage d’expérience. Si vous êtes commanditaire, méfiez-vous de certaines agences de conférenciers. Certains en profitent pour marger un peu trop gracieusement. Voici une anecdote véridique. Un conférencier monte sur scène. Après son intervention, il va voir sa cliente en lui demandant si elle est satisfaite. Voici l’échange :
_ Celle-ci lui répond : “Oui, mais c’est vrai que le prix était un peu élevé…”
_ Il ui répond “Ah… bon… il me semble que 3.500 euros ce sont les prix du marché…”
Il a tout de suite compris, à la tête de sa cliente, que c’était loin d’être le prix qu’elle avait payé ! L’entreprise, ce jour là, avait déboursé un peu moins de 9.000 euros… Une pratique honteuse chez certaines agences qui manquent de transparence. J’ai d’autres anecdotes de ce type malheureusement. Mais j’en ai aussi des positives (ouf !)
Autre point de vigilance, pour les personnalités très connues et publiques. Il est important de vérifier l’absence de conflit d’intérêt. Un point d’autant plus crucial pour les personnalités politiques qui sont — ou seront — en activité.
Pour en savoir plus : https://www.franceinter.fr/emissions/l-enquete/l-enquete-18-septembre-2015
Sources : France Inter, Brand&Celebrities, France TV Info